Analyse de pratiques professionnelles (APP)
Un dispositif en constant renouvellement et questionnement.
Selon Thiebaud en 2018, il existe de nombreuses approches d’APP en groupe avec des finalités qui peuvent être variées. La place potentielle de l’accompagnement diffère de l’une à l’autre. Marcel, Olry, Rothier-Bautzer et Sonntag (2002) distinguent trois intentions dominantes dans les groupes d’APP :
a) la production de savoirs ;
b) la professionnalisation (liée à un questionnement et à la construction de nouvelles compréhensions de la personne en lien avec sa pratique) ;
c) l'évolution des pratiques (débouchant sur une recherche d'optimisation, de « bonnes pratiques » et de performance).
Les approches qui promeuvent l’accompagnement s’inscrivent dans la deuxième de ces intentions. Elles visent plutôt à développer une pratique réflexive et à travailler son identité et son projet professionnel. Elles mettent l’accent sur l’implication personnelle (les subjectivités, représentations, résonances, prises de conscience) et la dynamique des relations entre participants (constitution du groupe et communications qui facilitent les expériences de soutien mutuel) (voir Thiébaud, 2013). Une véritable démarche d’analyse de pratiques professionnelles se doit d’être « éducative », en opposition à une démarche dite « experte » parfois malheureusement proposée.
En s’appuyant sur une méthodologie inspirée de la psychologie humaniste, je considère que les personnes accompagnées sont en mesure de s’autodéterminer et qu’ils détiennent la solution (j’ai une grande expérience et je suis formé en pédagogie et en techniques « d’apprendre à apprendre »). Je me positionne comme un médiateur, un facilitateur et non comme un expert qui viendrait « prêcher » la bonne manière de faire. Je me dois d’être directif sur le cadre et non sur le fond (Grégoire, 2014).
Mon expérience et certaines études (critiques au sens constructif) m’ont montré que trop souvent, l’analyse de pratique est pratiquée par des psychologues cliniciens, coach, experts et qu’elle dérive alors vers un groupe de parole, une séance de coaching, une étude de cas ou une démarche d’échanges de pratiques. Idéalement, une formation spécifique doit être demandée : un cursus en analyse du travail, en analyse de l’activité, en conduite de groupe, en psychologie du travail est préférable.
L’analyse de pratiques professionnelles c’est avant tout un cadre précis, déontologique et méthodologique.
Règles de l’analyse de pratiques professionnelles (Grégoire, 2014) :
- s’inscrire dans une démarche volontaire et impliquante
- respecter la parole confiée
- porter un jugement sur autrui est proscrit
- faire preuve de confidentialité sur les propos émis lors de ces sessions
- respecter un climat de bienveillance.
Les postulats qui sous-tendent la démarche :
Les principes préconisés et instaurés par l’animateur, lors de ces groupes d’analyse de pratiques, sont ceux de la centration sur le sujet théorisés par C. Rogers. Ainsi il s’agit de transposer pour le groupe d’APP ce que Mucchielli (2011) développe pour l’entretien de face à face, à savoir :
‐ Adopter une attitude de réceptivité et d’accueil qui se traduit par une écoute active ;
‐ Faire un effort d’empathie ;
‐ Se centrer sur le vécu et le ressenti et non sur les faits ;
‐ Porter l’intérêt sur le sujet narrant et non sur le problème ;
‐ Partir du principe que le narrateur détient la solution à son problème.
Ces postulats peuvent s’appliquer aux entretiens face à face aussi bien qu’aux groupes d’APP, avec évidemment une plus grande complexité en situation groupale.
Buts visés (Thiebaud, 2001) :
Prendre du temps pour réfléchir à sa pratique et se remettre en question le cas échéant
Développer sa capacité d’analyse, de prise de recul et de réflexivité
Fare évoluer sa pratique, élaborer de nouvelles pistes d’action par rapport à des situations
S’entraider en s’offrant du soutien, des retours sur expérience en confrontant les points de vue de façon bienveillante
S’enrichir mutuellement et développer de nouveaux modèles et des savoirs pratiques.